Le Québec, un premier saut dans l’inconnu
Dès le début du cursus, Excelia Hotel & Tourism School impose un stage international. J’ai choisi le Canada, au Fairmont Tremblant, un bel hôtel au cœur d’une station de ski. Sur le papier, ça faisait rêver. Dans la réalité, j’ai découvert l’isolement. J’étais logé dans une maison de campagne, en pleine forêt, avec d’autres salariés de l’hôtel. Mon lit était juste à côté de l’escalier principal – littéralement tout le monde me voyait dormir ! Clairement, ce n’est pas le souvenir le plus confortable ni agréable de ma vie… D’un autre côté, c’est aussi une expérience qui m’a fait grandir. J’étais tout seul, loin de tout, mais je travaillais dans un environnement professionnel stimulant et j’ai fini par me faire des amis.
Coup de foudre pour Suwon
En 2ème année je suis parti en expatriation académique. Depuis tout petit, je suis passionné par l’histoire. Et notamment par celle de la Corée : les dynasties, la colonisation japonaise, la guerre… J’avais un bon ami coréen quand j’étais enfant. J’ai commencé à m’intéresser à la langue, à l’alphabet. On peut apprendre à lire le coréen en trente minutes ! Pas à le comprendre, bien sûr, mais le lire, oui.
Je suis donc parti à Suwon, à la Kyonggi University. Et dès les premiers jours, j’ai su que j’étais au bon endroit. Suwon, c’est une ville d’un million d’habitants, entourée d’une grande muraille historique, à quarante minutes de Séoul en bus. Les transports sont rapides, efficaces. Et surtout, je me suis tout de suite senti bien dans la ville.
Je n’avais pas envie de rester entre Français. J’ai suivi les conseils du cours d’interculturel qu’on avait eu en première année : faire le premier pas. Les Coréens sont très timides au départ, mais il suffit de leur parler. Et ça a marché. Je me suis fait plein d’amis, j’ai découvert un mode de vie à la fois très moderne et très respectueux.
Samgyeopsal, temples et robots
J’ai été immédiatement conquis par la nourriture. Le plat qui m’a le plus marqué, c’est le samgyeopsal : un barbecue coréen de poitrines de porc, grillées au centre d’une table, accompagnées de sauces, de salade, de riz… Le tout partagé autour de la table, avec de la bière et du soju, un alcool coréen. Il y a aussi le chimek, du poulet croustillant, parfait avec une bière (meakju). C’est un peu la version coréenne de notre bœuf bourguignon...
Mais au-delà de la cuisine, c’est tout un monde que j’ai découvert. Des temples magnifiques, une spiritualité ancrée dans le bouddhisme, une société hypermoderne où les écrans et les robots font partie du quotidien.
À Séoul, il y a des robots qui servent les glaces ou les bières. Au début, c’est marrant, on trouve ça intrigant, on fait des vidéos... Après, on se rend compte que ça remplace aussi des emplois. Il y a des métros sans chauffeurs, des magasins sans caissiers et des taxis autonomes en projet. L’intelligence artificielle est déjà beaucoup plus intégrée qu’en France.
Retour avec le cœur lourd… et l’envie de repartir
Quand je suis rentré, j’ai eu un vrai coup de blues. Ce pays m’avait touché. J’avais prévu d’y retourner, c’était une certitude. J’ai donc fait une deuxième expatriation dans la même université, en 3ème année. Et cette fois, l’expérience a été encore plus forte. J’ai retrouvé mes amis, j’ai renforcé les liens...
Ma petite amie est coréenne. Ses grands-parents font tout maison, comme le kimchi, ce radis fermenté qui est à la Corée ce que la baguette est à la France : incontournable. Ils ont connu la guerre et participé à la reconstruction du pays en 50 ans. C’est une génération qui a une autre vision du monde, mais avec un respect immense du travail. Il n’y a jamais un retard dans les transports. On fait la queue sans pousser. On laisse sa place aux anciens. C’est dans la culture.
L’amour à distance
Avec ma copine, on se fait confiance. Même à distance. C’est une mentalité très différente de ce que je vois en France, où beaucoup considèrent qu’une relation à distance est vouée à l’échec. En Corée, quand on est en couple, on est vraiment en couple. Il y a une notion d’engagement très forte, qui va de pair avec une certaine pression sociale : se marier tôt, avoir un enfant rapidement, réussir professionnellement. Mais ce n’est pas le cas dans la famille de mon amie, qui a une vision plus moderne et ouverte. On prend notre temps !
Du vécu sur place
J’ai voyagé partout dans le sud du pays, notamment sur l’île de Jeju, la « Corse coréenne ». Ce qu’on peut voir en France sur la Corée du Sud ne reflète pas du tout ce que j’ai vécu. Bien sûr, on entend parler de la Corée du Nord. Par exemple l’an dernier, il y a eu des ballons remplis d’immondices envoyés de Corée du Nord sur Séoul et le nord du pays, une sorte de « cadeau » grotesque en réponse à des tracts de propagande contre Kim Jong-un venus du Sud. Mais sur place, les gens marchent tranquillement dans la rue, ils vivent leur vie ! Rien à voir avec les images dramatisées qu’on peut voir sur BFM ou CNews. J’ai parfois l’impression que certains journalistes « romantisent » la réalité. Il faut aller dans le pays pour comprendre.
J’ai prévu d’y retourner en vacances en novembre 2025 pour une dizaine de jours. Ce sera l’occasion de revoir ma petite amie et mes amis.
Une vie entre deux mondes
Aujourd’hui, je suis en alternance à Paris, à l’Ibis Opéra Lafayette, dans le 9ème arrondissement, qui va devenir en août « Faubourg Galant Handwritten collection ».
Je suis assistant de direction et premier de réception. Je gère les problèmes des clients, je trouve des solutions, j’aide la direction pendant les travaux, je réceptionne les colis, je distribue les badges aux ouvriers… C’est très formateur, très concret.
En attendant de repartir, j’étudie le coréen. Ma copine m’envoie des colis avec de la nourriture. Je fais découvrir des plats à mes parents. Et j’ai même conçu un guide touristique en coréen pour l’hôtel, afin d’accueillir au mieux les visiteurs.
Je suis aussi « Buddy » pour les étudiants coréens qui arrivent à Excelia. Je leur fais découvrir La Rochelle, l’île de Ré…
Rendre à la Corée ce qu’elle m’a donné
La suite ? J’ai encore une 5ème année à faire à Excelia, en Master MGE, avec une spécialisation en événementiel. Et après, direction la Corée bien sûr ! J’ai prévu d’y repartir avec un PVT, un visa vacances-travail, pour voir ce qu’est la vraie vie là-bas. Pas juste en tant qu’étudiant ou touriste, mais comme jeune actif. Ensuite, on verra : peut-être une extension du visa, ou un autre pays. J’ai entendu parler d’une opportunité à l’université de Suwon pour aider à l’accueil des expatriés.
Et dans cinq ans ?
Je me verrais bien ouvrir une cave à vin ou un café français à Séoul, avec mon cousin, qui rêve de faire découvrir la pâtisserie au monde entier. Il y a un vrai engouement des Coréens pour la France : la langue, l’architecture, les films, les boulangeries (même si la chaîne Paris Baguette ne vaut pas nos viennoiseries !). Les tee-shirts affichent des mots français comme « Matière brute », les stéréotypes sur Paris sont partout… À tel point que certains Coréens tombent en dépression en découvrant que la réalité ne correspond pas à l’image idéalisée du dessin animé Ratatouille ! Un phénomène qu’on appelle le syndrome de Paris…
Moi, je veux montrer aux Coréens ce qu’est le vrai goût, leur faire comprendre ce qu’est la France sans clichés. Et j’espère continuer à apprendre d’eux, aussi. Car bien plus qu’un voyage, la Corée m’a offert une nouvelle façon de voir le monde et l’envie de construire…