France : Le million pour Airbnb en 2024 !
Pour cause de vaches maigres, l’actuelle législature a montré en ce mois de novembre sa résolution à rendre fiscalement moins attrayante la location de courte de durée en France… mais au fait, quelle est l’ampleur du « phénomène » Airbnb en France ? De quels chiffres dispose-t-on ?
Carte interactive des annonces Airbnb
La carte interactive des annonces Airbnb est accessible depuis le lien du Collectif National pour L’Habitat Permanent; il est possible de sélection une région ou un département entier, ou encore une commune.
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Au printemps 2021, un article[1] établissait le décompte des logements proposés à la location courte durée sur Airbnb : la plateforme américaine venait de réussir son entrée en bourse, portée par la consécration de ce mode d’hébergement marchand lors des multiples confinements lors de la pandémie de COVID-19. Les auteurs de l’étude décomptaient en France plus de 600,000 annonces actives sur la plateforme, traçant une cartographie de l’offre Airbnb dessinée par une « littoralisation » et une métropolisation de l’offre : les offres se concentraient sur les stations balnéaires et villes côtières, les métropoles, les stations de montagne, ainsi que le tracé de la Loire.
Qu’en est-il de l’emprise de la plateforme trois ans après l’étude de 2021 ?
Le collectif CNHP (Collectif National pour L’Habitat Permanent [2]), une ONG œuvrant à conserver et accueillir sur les territoires des habitants à l’année par une offre de logements durable, vient de produire un nouvel inventaire des offres actives diffusées sur la plateforme Airbnb. Selon leur décompte d’octobre 2024, on compte désormais en France près d’un million d’annonces actives, pour une croissance de plus de 50% en 3 ans. La distribution territoriale continue quant à elle de suivre les phénomènes identifiés précédemment (littoralisation, métropolisation…), mais concerne désormais également les zones rurales. Outre cette très forte croissance de l’offre, que peut-on observer ?
La plateforme, qui se définit comme « mettant en relation des particuliers, des entreprises hôtelières, et des investisseurs en immobiliers locatifs »[3], est désormais très éloignée de son modèle originel de couchsurfing proposé par des loueurs ‘amateurs’, et privilégie une professionnalisation de la chaine de valeur, résultant dans l’émergence de conciergeries locales et de loueurs-investisseurs, ne résidant que rarement à proximité et proposant plus d’un bien à la location[1]. L’évolution entre 2021 et octobre 2024 d’indicateurs tels que la proportion des annonces pour des logements entiers, de multi-annonceurs, ou encore d’annonces de type Studio ou T2 (le type de bien procurant la meilleure rentabilité financière), met en évidence cette tendance à la « professionnalisation » de l’industrie.
Le tableau ci-dessous présente les valeurs de ces indicateurs pour 3 territoires : un département principalement rural (la Vendée), une ville moyenne (Dunkerque), et une métropole (Nice). Source CNHP
Quel que soit le territoire, la proportion des logements entiers, déjà dominante en 2021, continue d’augmenter en octobre 2024 (93% à Nice ! )… adieu le couchsurfing ! Autre observation, et probablement en raison de la longueur des cycles de décision d’investissement en immobilier, la part des très rentables petites surfaces, déjà significative en 2021 (jusqu’à 69% à Nice), n’augmente pas en 2024.
[1] Victor Piganiol, Vincent Aulnay, La France d’Airbnb, Géoconfluences, 26 Mai 2021
[2] L'association Loi 1901 Collectif CNHP (Collectif National des Habitants Permanents)
[3] Airbnb, Wikipédia.fr (https://fr.wikipedia.org/wiki/Airbnb)
[4] Béal Luc, Bougras Laurent, Plus fort que l’ubérisation, l’airbnbisation des territoires ?, Libération, 13 Mars 2024