Blog

Embarquez pour une lecture qui fera pétiller vos neurones !

La reprise d'affaires familiales dans le tourisme

La reprise d'affaires familiales dans le tourisme

Andreas Kallmuenzer, Professeur à Excelia le
entreprises familiales tourisme

Après les expériences malheureuses de la pandémie, comment rendre la reprise d'entreprises familiales de tourisme de nouveau attractive pour les successeurs ?

Le secteur du tourisme et de l'hôtellerie a été l'un des plus durement touchés par la pandémie (Breier et al., 2021). Par l’instauration de confinements et de restrictions d’activité, les gouvernements du monde entier ont limité l’activité économique aux industries absolument nécessaires… le tourisme n'en faisait clairement pas partie. Cette situation pourrait être considérée comme "normale" ou "équitable" si l’on considère que cette industrie est génératrice de déplacements et de très nombreuses interactions entre individus, et notamment entre voyageurs et hébergeurs (Kallmuenzer, Peters, & Buhalis, 2020), et donc d’un risque accru d'infections. Pour les fournisseurs de services de tourisme et d’hospitalité, cependant, cette politique a signifié une coupe sombre dans leur activité pendant près de deux ans. Bien que de nombreux pays, comme la France, l'Autriche ou l'Allemagne, aient mis en place des programmes visant à prendre en charge le coût de la mise en congés, ces paiements ont progressivement pris fin, alors que les salariés n'étaient toujours pas autorisés à travailler, ou seulement de manière limitée.

Si l'on considère que le tourisme a connu un constant développement au cours des dernières décennies, sachant rester résilient malgré les diverses crises traversées, il s'agit d'une expérience vraiment nouvelle. L'attrait de ce secteur s'en est trouvé fortement modifié, d'une part pour les employés qui l'ont quitté pour travailler dans des secteurs perçus comme plus sécurisants et stables et/ou qui ne reviennent pas en raison d’un futur qu’ils perçoivent de façon générale comme incertain (Noack, 2021), mais aussi, d'autre part, pour les entreprises de tourisme et d'hôtellerie elles-mêmes.

La plupart des entreprises du secteur du tourisme et de l'hôtellerie, en particulier celles des zones rurales, sont des entreprises familiales (López-Chávez, Maldonado-Alcudia et Larrañaga Núñez, 2020). Ce type d'entreprise se caractérise par le fait qu’une même famille soit à la fois gérante et propriétaire, et par le fait que la transmission de l'entreprise à la génération suivante est souvent un objectif important pour l'entreprise et la famille (Kallmuenzer et al., 2021).

La question de la succession au sein d’entreprises familiales est complexe, en particulier dans des secteurs tels que le tourisme, souvent caractérisé par l’importance du travail saisonnier, les horaires de travail peu compatibles avec la vie de famille, les faibles possibilités de carrière, les importants investissements financiers nécessaires (rénovation des bâtiments …) et les défis que représente la gestion simultanée des intérêts de la famille et de l'entreprise (Peters, 2005). En plus de cette situation déjà exigeante pour des successeurs souvent encore jeunes, la pandémie a ajouté un nouveau facteur critique à ce défi : l’incertitude quant aux perspectives futures, combinée à la difficulté de trouver et de garder des employés qualifiés (Eller, Alford, Kallmünzer, & Peters, 2020) permettant à l'entreprise de fonctionner.

Il est donc probable que nous constations bientôt la confirmation d'une tendance à la disparition des entreprises dans le secteur du tourisme et de l'hôtellerie. En s'appuyant sur les implications de la recherche académique (Breier et al., 2021; Kallmuenzer et al., 2021), les acteurs politiques comme les successeurs au sein d’entreprises familiales peuvent trouver dans l'éducation, l'innovation et l’action publique des pistes pour freiner, voire inverser cette tendance :

 

  • La formation des successeurs des entreprises familiales du tourisme et de l'hôtellerie 

En matière de stratégie, de finance et de sujets connexes leur permettra d'adopter de meilleures approches en matière de formulation de stratégies et de calcul des risques. Ces compétences nouvelles, associées à une compréhension approfondie de l'importance de la tradition familiale et de l'héritage pour leurs propres familles, l'économie et les sociétés régionales, pourraient contribuer à convaincre les jeunes de reprendre l'entreprise.

 

  • L'innovation est un facteur déterminant

Les innovations nées de la pandémie, et désormais bien établies, telles que les services de livraison et de vente à emporter, les prestations de cuisine au domicile du client, les dark kitchen (restaurants virtuels qui livrent les consommateurs à domicile grâce à des plateformes en ligne) ou encore le développement du travail nomade (facilitée par la démocratisation de solutions de home office) ont ouvert la voie à d'autres innovations dans le secteur du tourisme et de l'hôtellerie.

 

  • Un soutien politique permettant d’affirmer le tourisme et l'hôtellerie comme une industrie de première importance

Pour la société sera essentiel pour lui permettre de se préparer à de futures crises. Il est également nécessaire de pouvoir disposer d’études démontrant que, en raison des politiques sanitaires mises en œuvre, la propagation du virus dans les hôtels et les restaurants, par exemple, n'était en fait pas beaucoup plus élevée que partout ailleurs. De même, des études montrant l’utilité de voyager ou de se restaurer hors domicile pour la santé mentale et physique seraient d'un grand secours. Enfin, il y a aujourd’hui besoin d’un lobbying plus fort visant à souligner l'importance économique des entreprises familiales du tourisme pour de nombreuses régions, ainsi que leur rôle fondamental de pourvoyeurs d’emploi dans des régions souvent moins développées (Peters & Kallmuenzer, 2018).

Ces efforts devraient idéalement résulter en un plus grand soutien politique aux entreprises familiales en tant que colonne vertébrale durable de notre société en général, et du tourisme et de l'hôtellerie en particulier, et ainsi contribuer à augmenter l'attrait de ces entreprises pour les futures générations en charge.

 

Références

Breier, M., Kallmuenzer, A., Clauss, T., Gast, J., Kraus, S., & Tiberius, V. (2021). The role of business model innovation in the hospitality industry during the COVID-19 crisis. International Journal of Hospitality Management, 92, 102723. https://doi.org/10.1016/j.ijhm.2020.102723

Eller, R., Alford, P., Kallmünzer, A., & Peters, M. (2020). Antecedents, consequences, and challenges of small and medium-sized enterprise digitalization. Journal of Business Research, 112, 119–127. https://doi.org/10.1016/j.jbusres.2020.03.004

Kallmuenzer, A., Peters, M., & Buhalis, D. (2020). The role of family firm image perception in host-guest value co-creation of hospitality firms. Current Issues in Tourism, 23(19), 2410–2427. https://doi.org/10.1080/13683500.2019.1611746

Kallmuenzer, A., Tajeddini, K., Gamage, T. C., Lorenzo, D., Rojas, A., & Schallner, M. J. (2021). Family firm succession in tourism and hospitality: an ethnographic case study approach. Journal of Family Business Management, online first. https://doi.org/10.1108/JFBM-07-2021-0072

López-Chávez, B. A., Maldonado-Alcudia, C., & Larrañaga Núñez, A. M. (2020). Family business in tourism: An international systematic review of literature with an emphasis on Latin America. Academia Revista Latinoamericana De Administración, online first. https://doi.org/10.1108/ARLA-06-2020-0140

Noack, R. (2021, July 26). Hospitality staff shortage could hinder Europe's recovery. The Washington Post, A10.

Peters, M. (2005). Succession in tourism family business: The motivation of succeeding family members. Tourism Review, 60(4), 12–18.  https://doi.org/10.1108/eb058461

Peters, M., & Kallmuenzer, A. (2018). Entrepreneurial orientation (EO) in family firms: the case of the hospitality industry. Current Issues in Tourism, 21(1), 21–40. https://doi.org/10.1080/13683500.2015.1053849.

 

 

L'événementiel : faire face à la situation sanitaire

L'événementiel : faire face à la situation sanitaire

Pauline Mornet, étudiante à Excelia le
événementiel et covid

L’événementiel fait partie des secteurs brutalement touchés par la crise sanitaire de la covid-19.

Poline Mornet, étudiante - Excelia 

 L'événementiel est un secteur symbole de rassemblement, de partage, de la découverte et du spectacle qui a dû faire face à la situation sanitaire et subir de grandes diminutions ou même un arrêt total de l’activité. Lucile Degli Esposti, fondatrice et dirigeante de la société Passage events (conseil et formation en Marketing et Communication, Digitale et Événementielle) nous explique et témoigne de l’impact qu’a la covid-19 sur le monde de l’événementiel.

En savoir plus sur Lucile Degli Esposti

B2B

Comme toutes les industries, l’événementiel a dû faire face à de nouveaux enjeux en repensant ses démarches, ses activités et en se digitalisant davantage.

S’adapter à la crise pour ce secteur représente d’importantes difficultés, « certains acteurs du marché événementiel ne se sont pas encore relevés et attendent une réouverture de leurs projets, voir pour certains autres, il n’y aura pas de futur… » explique Lucile Degli Esposti.

 

Adaptation est le mot d’ordre que chaque secteur a dû appliquer pour tenter de survivre à cette crise, mais comment l’évènementiel s’est-il adapté ?

 

Pour certains acteurs de ce secteur, il a fallu continuer à faire évoluer les fonctionnalités du digital en se formant et en montrant créativité et innovation.

Lucile Degli Esposti a notamment organisé des formations « Digitalisation de l’événement » « Art et digitalisation » « Digitalisation de la TPE », un outil essentiel pour pallier cette crise et garder des activités qualitatives.

Les applications marquantes pour ce domaine restent unanimes, celles permettant la Visio conférence, idéal pour le télétravail, pouvant en l’occurrence remplacer facilement les réunions professionnelles.

 

Les vidéos live ont aussi représenté une alternative attractive pour les salons ainsi que les portes ouvertes.

Lucile Degli Esposti a d’ailleurs participé à la concrétisation virtuelle d’un salon professionnel « Provence Prestige », où elle a coaché les exposants à se préparer pour la captation vidéo de leur stand digitalisé. En plus d’une livraison à domicile, un drive était mis en place afin que les clients puissent retirer leurs commandes. S’adapter, c’est ce que la structure et les commerçants ont réussi à réaliser pour maintenir l’événement.

 

Cependant, le digital ne résout pas tout,

Certaines activités n’avaient aucune possibilité de se digitaliser, tous les événements ne peuvent être remplacés par des vidéos live. Les festivals ou concerts en sont l’exemple même, en effet, ce que recherche les gens n’est pas seulement une écoute de l’artiste mais un engouement, une célébration, un moment de fête inoubliable. Au vu des contraintes sanitaires qu’impose l’Etat, il est difficile d’imaginer un retour imminent des festivals.

L’avenir de l’événementiel est complexe à imaginer dans le contexte actuel, « L’harmonie et les bénéfices humains de l’association physique et virtuelle me semble essentiel » estime notre experte.

 

Notre formatrice a imaginé 3 recommandations pour réinventer l’événementiel en période de crise sanitaire :

  • S’adapter aux contraintes sanitaires imposées pour organiser des événements locaux de plus petite envergure mais en les multipliant si besoin.
  • Organiser des « résidences événementielles » où les participants seraient d’abord testés afin d’être autorisés en plus grand nombre à participer à des événements sur des durées longues (type de cluster événementiel, comme c’est le cas dans certains milieux : artistique, télévisuel et même politique si on pousse l’analyse).
  • Poursuivre la digitalisation événementielle

 

Autre défi qu’ont dû relever les sociétés d’événementiel ?

Élaborer des stratégies pour maintenir leur notoriété et entretenir des liens avec leur clientèle.

Encore une fois, s’appuyer sur les leviers digitaux a été la solution pour Passage Events : emails, newsletter, animation des réseaux sociaux ainsi que phoning et quelques fois des rendez-vous physiques quand nécessaire.

Afin d’imaginer une reprise totale de l’événementiel sereine, il est indispensable de faire preuve de créativité et de dynamisme pour faire survivre des activités menacées de disparaître.

 

Cette crise sanitaire a permis à Lucile Degli Esposti de se lancer dans un projet inspirant et créatif, l’écriture de son premier ouvrage littéraire.

Elle explique, « l’idée m’a été imposée par une envie d’agir sur mon « temps de cerveau disponible » et un besoin de communiquer et de laisser une trace sur ces moments de vie confinés. ».

 

L’événementiel représentera un des domaines les plus affectés et affaiblis par la crise sanitaire.

Chaque acteur de ce domaine l’a abordé différemment et a pu ou non se relever grâce au digital. Se réinventer a été impossible pour certains mais pour d’autres, il a pu montrer que d’autres activités ont été possibles et réalisables. Une reprise prudente et créative est imaginée par l’événementiel